La prise d’autonomie d’un adolescent est une étape clé dans le processus d’éducation de ses enfants. Elle correspond en effet à un point de bascule du passage entre l’enfance et l’âge adulte.
L’autonomisation est d’autant plus sensible à l’adolescence que l’enfant va ressentir une nécessité absolue de prendre plus de liberté par rapport aux parents pour se prouver qu’il sort de l’enfance.
Nous vous expliquons comment vous y prendre grâce aux conseils de psychologues.
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Prise d’autonomie de l’adolescent : de quoi parle-t-on ?
Entre 0 et 10 ans, les parents prennent la responsabilité de tous les besoins de leurs enfants. Cette étape est nécessaire, car sans cette protection, l’enfant ne peut pas se développer normalement.
Cette logue période de soutien protecteur doit cependant laisser place à une phase d’autonomisation qui doit permettre à l’enfant de se sentir en sécurité quand les parents ne sont pas là. Ce processus éducatif a vocation à faire en sorte que l’adolescent devienne progressivement responsable de ses actions dans le cadre moral inculqué par les parents.
L’autonomisation de l’enfant ne consiste donc pas à lâcher l’enfant dans la nature pour qu’il fasse n’importe quoi. Il s’agit d’un processus d’accompagnement continu jusqu’à l’autonomie complète entre 18 et 20 ans.
Donner de l’autonomie à un adolescent en 10 étapes
Il existe des moments très concrets sur lesquels vous pouvez travailler pour accompagner votre ado jusqu’à son autonomie totale. Nous vous partageons les principaux dans la liste ci-dessous :
# | Étapes de l’autonomisation |
---|---|
1 | Transmettre des règles de vie claires |
2 | Donner progressivement de l’autonomie |
3 | Le faire participer aux tâches ménagères |
4 | Lui permettre de réaliser des actions seul |
5 | Lui donner de l’argent de poche |
6 | Lui laisser l’initiative de ses devoirs |
7 | Le rendre responsable autant que possible |
8 | Le rassurer et le valoriser |
9 | Le surveiller en gardant de la distance |
10 | Accepter ses choix personnels |
1. Transmettre des règles de vie claires
Donner des règles de vie consiste à définir une zone de liberté bordée par des interdictions et des devoirs.
L’intérêt de la mise en place de règles de vie claires vous pousse, en tant que parent, à choisir vos combats. Cela vous met non seulement dans un état d’esprit sain pour vous-même, mais vous aiderez aussi votre adolescent à gérer son anxiété et à ne pas avoir de comportements à risques par manque de limite.
Exemples :
- Liberté de jouer avec ses amis après l’école dans la limite de 6h du soir,
- Sortie avec ses amis le samedi à condition que les devoirs soient faits et vérifiés par les parents,
- Liberté d’inviter des amis à la maison si la chambre est propre et rangée.
2. Donner progressivement de l’autonomie
Il est conseillé de donner de l’autonomie tout en gardant un certain contrôle en cas de dérive.
Le rythme auquel vous attribuez de nouvelles libertés peut être plus ou moins rapide en fonction de la maturité et de l’âge de l’enfant. Il faut simplement garder en tête que plus les libertés sont grandes, plus les dérives sont potentiellement nombreuses. Ne donnez donc des libertés que pour les dérives correspondantes que vous vous sentez capable d’assumer.
💡 Le cerveau d’un(e) adolescent(e) est capable d’intégrer des millions d’informations sans effort. À travers leurs découvertes, les ados prennent petit à petit leur autonomie par rapport à leur famille et bâtissent le futur adulte qu’ils deviendront.
Au début, cela ressemble à une sorte de liberté surveillée qui va donner le sentiment à l’enfant qu’il sort de l’enfance et qu’il est responsabilisé.
Exemples :
- Rentrer seul(e) de l’école,
- Faire une sortie à vélo avec les amis / amies le week-end,
- Se rendre à un bureau de tabac pour s’acheter un magazine.
3. Faire participer l’enfant aux tâches ménagères
Votre enfant vous a toujours vu prendre en charge les tâches ménagères. Pour votre fille ou votre fils, cela est donc devenu une routine normale du cadre familial et il est légitime qu’il ne s’investisse pas de lui-même.
Très tôt, vous pouvez faire comprendre à votre enfant qu’une famille doit s’entre-aider et qu’il doit aussi participer. Ce sera certainement une de ses premières prises de conscience de la notion de responsabilité.
Il est d’autant plus important d’intégrer un enfant à l’effort collectif des tâches ménagères, que l’environnement est idéal pour comprendre la notion de responsabilité. En effet, l’environnement est très sécurisé et les erreurs ne sont jamais graves. C’est un excellent terrain d’entraînement !
Exemples :
- Nettoyer et ranger sa chambre une fois par semaine.
- Apporter le linge sale devant la machine à laver, l’étendre pour le sécher et le plier une fois sec,
- Dresser la table et la débarrasser au moment du déjeuner et du dîner.
4. Lui permettre de réaliser des actions seul
En grandissant, le cercle des besoins des adolescent(e)s s’élargit. Ils ressentent alors la nécessité qu’on leur laisse de l’air et qu’on ne surveille pas tout.
C’est généralement un signe pour leur permettre de faire plus de choses par eux-mêmes.
Au-delà des contributions aux tâches ménagères qui relèvent plus de la contrainte, il existe une multitude de choses que votre enfant désire ou désirera faire. Qu’il s’agisse d’aller chercher le pain, de faire de petites courses ou de s’acheter un livre tout seul, ces petites prises de liberté seront autant de bouffées d’air et d’enseignements pour eux-mêmes.
Vous pouvez également les inciter à participer à des activités extra-scolaires toujours dans un cadre sécurisé (sport, activités artistiques et culturelles).
Ces activités apportent de nouvelles choses très utiles aux enfants :
- Ils vont développer de nouveaux talents
- Ils vont développer leur confiance en eux
- Ils vont élargir leur univers social
- Ils vont prendre de l’assurance qui ne relève pas de leurs parents
Exemples :
- Suivre un entraînement sportif le samedi
- Apprendre un instrument de musique ou participer à une chorale
- Aller faire de petites courses pour la famille
5. Donner de l’argent de poche
À partir de 9-10 ans, donner un peu d’argent de poche donne de nouvelles possibilités d’épanouissement aux enfants. Ils commencent en effet à se déplacer, à avoir des envies d’acheter certaines choses (livre ou cartes à la mode dans la cour de récré, etc.). Donner un peu d’argent de poche permet de franchir une nouvelle étape dans l’autonomisation sans prendre de risque.
L’argent de poche doit rester une petite somme qu’ils peuvent gérer comme ils veulent. L’argent de poche leur permet de comprendre le lien qui existe entre ce que l’on reçoit et ce qu’on dépense.
Plus grands, vers 12 ans, ils peuvent apprendre à gérer un budget pour faire en sorte que leurs dépenses ne soient pas complètement déconnectées de la réalité.
💡 Évitez de donner votre carte bancaire à votre enfant. Les ados qui utilisent la carte de crédit de leur parent sans vraiment compter ont l’impression que ça ne leur coûte rien.
Il vaut mieux leur donner une carte pour mineur qui leur est dédiée et qui leur permet donc de gérer leur budget, mais avec un contrôle parental. La supervision des parents permet de savoir ce qu’ils font de leur argent. Cela permet également de discuter avec eux de la façon dont ils le gèrent : ils peuvent épargner, placer, etc.
Voici les principales cartes bancaires pour ados et mineurs que nous vous recommandons :
Enfin, il est important que les parents aient une discussion avec les enfants sur la manière dont on gère un budget, son rapport à l’argent, etc. pour se prémunir des dérives.
6. Lui laisser prendre des initiatives liées à ses obligations
Vers la fin de l’école primaire, vous pouvez laisser vos enfants prendre l’initiative des devoirs scolaires. Cela signifie qu’ils doivent décider seuls de se mettre à leur bureau pour faire leurs devoirs puis vous solliciter pour contrôler leur travail. Cela vaut aussi pour d’autres tâches qui les concernent directement (rendre les livres à la bibliothèque, présenter les bulletins aux parents, prendre note des rendez-vous avec le médecin, etc.).
Gardons cependant à l’esprit que chaque enfant est différent :
- Certains enfants ont des difficultés (dyslexie, trouble de la concentration, handicap)
- D’autres n’ont pas la maturité pour ça (cela les ennuie ou ils sont attirés par d’autres choses)
C’est à vous de juger de la maturité et de l’aisance de votre enfant pour lui laisser prendre ses responsabilités sur les sujets qui le concernent directement. Une fois cette responsabilisation acquise, la bascule vers l’âge adulte est très rapide.
Exemples :
- Le ou la laisser prendre l’initiative de faire ses devoirs de classe
- Le ou la laisser prendre rendez-vous chez le coiffeur
- Le ou la laisser vous présenter ses bulletins d’école et son carnet de correspondance
7. Le/la rendre responsable autant que possible
La responsabilisation d’un enfant consiste à lui permettre de prendre conscience et de répondre de ses actes. C’est une caractéristique indissociable du comportement d’un adulte équilibré, d’où l’importance de ne pas négliger cette étape.
La responsabilisation d’un enfant peut commencer très tôt avec des choses simples :
- Ranger sa chambre
- Mettre son linge dans le bac à linge
- Se servir lui-même à table
À la fin de la primaire, il peut
- Choisir ses activités extra-scolaires
- Décider de passer des vacances avec d’autres personnes que ses parents
- Cuisiner un plat ou un dessert de temps en temps
À la fin du collège, l’ado devient un jeune adulte avec des responsabilités plus importantes :
- Choisir son orientation scolaire
- Faire un petit travail l’été ou le week-end
- Ouvrir un compte bancaire pour mineur
- Passer le code de la route
8. Le rassurer et le valoriser
Le monde n’est pas simple à cause du contexte économique, social et écologique. Cela génère des angoisses et tend à maintenir les enfants à la maison.
En tant que parent, vous devez donc rassurer votre ado quant à son angoisse sécuritaire. Le mieux pour cela est de vous mettre à sa place et de comprendre que c’est l’inconnu qui génère de l’appréhension en lui. Vous avez l’expérience donc vous pouvez le rassurer facilement.
Essayer de rester ouvert à la nouveauté en lui permettant de s’exprimer librement, notamment sur des sujets délicats comme la sexualité, les relations amicales et amoureuses, les souffrances psychologiques, la puberté, l’alcool et les drogues.
9. Le surveiller en gardant de la distance
Surveillez et supervisez les activités de votre enfant avec discernement et distance pour l’aider à grandir tout en lui donnant de l’espace pour se construire. Ne croyez pas tout ce que vous entendez dans les médias. Vous pouvez surveiller les activités de votre enfant simplement en étant présent, en lui posant quelques questions sur un ton neutre et non accusateur.
Contrairement aux idées reçues, les enfants accueillent très bien la supervision des parents tant qu’elle n’est pas intrusive.
Évitez les caméras à la maison ou les messages par téléphone autant que possible : ils sont une prolongation du cordon ombilical qui ne permet pas à l’enfant d’aller chercher son autonomie.
Exemples :
- Poser des questions sur un ton neutre et non accusateur
- Demander à l’enfant de vous dire quand quelque chose ne lui semble pas normal dans sa vie
- Accueillez toutes ses questions avec bienveillance
10. Accepter ses choix personnels
En tant que parent, il est facile de juger les choix de son enfant, souvent sans même s’en rendre compte. Retenez une chose : une partie de votre ado vous ressemble et l’autre est le reflet de sa propre personnalité. Il est donc peu probable que vous tombiez d’accord sur tout.
Aussi, tentez d’adopter une posture de mentor, sensible aux préoccupations et aux opinions de l’adolescent. C’est une attitude beaucoup plus vertueuse.
Quoi qu’il arrive, vous resterez un modèle pour votre enfant. Vous avez un grand pouvoir d’influence psychologique sur lui ou elle. Les opinions, les informations que vous donnerez à votre ado joueront une part importante dans ses prises de décisions. N’essayez donc pas d’en faire trop, gagnez plutôt son respect et il suivra votre trace naturellement.
Évaluer l’autonomie de l’adolescent
Un enfant est un être complexe dont le niveau d’autonomie ne saurait être évalué par un simple questionnaire.
Le mieux pour cela est de passer du temps avec lui et de discuter avec les personnes qui le connaissent bien. En effet, il ne se comporte pas de la même manière avec vous qu’avec les parents de son meilleur ami, son entraîneur ou son professeur.
Grâce à une représentation plus complète de la personnalité de votre adolescent, vous pourrez évaluer son autonomie et ainsi mettre en place des marches adéquates pour qu’il puisse devenir de plus en plus responsable et autonome.
Conclusion
Le but de l’éducation des enfants est de les autonomiser pour qu’ils puissent prendre leur envol à un moment donné. Cela leur permet de devenir de jeunes-adultes équilibrés et indépendants.
Grâce aux dix étapes ci-dessus, vous disposez des clés pour faire progresser votre progéniture vers plus d’autonomie. Cependant, gardez à l’esprit que tous les enfants sont uniques. Il convient donc de disposer d’une bonne représentation de sa personnalité, de ses forces et de ses faiblesses pour mettre en place des actions pertinentes pour lui.
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