Au moment où les citoyens se tournent de plus en plus vers des pratiques écologiquement responsables, une grande dissonance persiste dans un domaine souvent négligé : celui de la finance.

La plupart des épargnants ignorent encore que l’argent qu’ils déposent en banque ne reste pas simplement « stocké », mais est activement investi dans des projets souvent contraires à leurs valeurs environnementales.

Le lien entre l’argent, les banques et l’écologie est devenu un sujet incontournable dans le cadre des efforts pour lutter contre le changement climatique.

Le poids des banques dans la crise climatique

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le poids des banques dans la crise climatique

Malgré des efforts individuels pour réduire l’empreinte carbone à travers des comportements responsables – recycler, consommer localement ou utiliser des transports décarbonés – les banques continuent, dans leur grande majorité, de financer massivement des industries polluantes. Selon un rapport d’Oxfam France1, les six plus grandes banques françaises ont financé des projets liés aux énergies fossiles à hauteur de 200 milliards d’euros entre 2016 et 2019. Ces investissements massifs placent la France au troisième rang mondial derrière les États-Unis et la Chine en termes de soutien financier à l’industrie fossile.

Cela met en lumière une contradiction majeure : tandis que des conférences internationales comme la COP se multiplient et que des engagements climatiques sont pris, l’argent des citoyens, à travers leurs comptes bancaires et produits d’épargne, est orienté vers des industries qui exacerbent la crise climatique. François Gemenne2, co-auteur du rapport du GIEC et intervenant dans le reportage, souligne la dépendance historique entre les banques et les énergies fossiles. Depuis la révolution industrielle, le financement bancaire a toujours soutenu les énergies carbonées, permettant leur développement exponentiel.

Pourquoi les banques continuent-elles de financer les énergies fossiles ?

la dépendance mutuelle entre banques et énergies fossiles

la dépendance mutuelle entre banques et énergies fossiles

Le lien entre les banques et l’industrie fossile est profond et résulte de plusieurs facteurs économiques et historiques. Au cœur de cette relation se trouve une forme de dépendance mutuelle : les banques, historiquement associées à l’essor des énergies fossiles, continuent à financer ces secteurs malgré la volatilité et les risques grandissants que ces actifs représentent.

Comme l’explique Gilles Mitteau (Gilles Mitteau, Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Gilles_Mitteau)), ancien banquier et vulgarisateur économique, la complexité et le coût croissant de l’extraction pétrolière rendent ce secteur de plus en plus risqué. Il cite l’exemple des coûts d’extraction qui ont drastiquement augmenté au fil des décennies. Si au début du 20e siècle, il suffisait d’un baril de pétrole pour en extraire 100 autres, aujourd’hui, un baril n’en extrait plus que 35.

Cette baisse de rendement énergétique, associée aux coûts de production de plus en plus élevés, pousse les entreprises pétrolières à solliciter davantage de financements bancaires. Et pourtant, malgré cette fragilité, les banques continuent à investir massivement dans ce secteur, piégées dans une spirale où arrêter de financer ces entreprises mettrait en danger leur propre stabilité financière.

Le risque des actifs échoués

le risque des actifs échoués

Le risque des actifs échoués

En poursuivant ces investissements dans les énergies fossiles, les banques s’exposent à des risques considérables liés à la transition écologique. Un concept clé dans cette problématique est celui des « actifs échoués » ou stranded assets. Il s’agit d’investissements qui perdent soudainement de leur valeur en raison de changements dans la réglementation ou dans les technologies, les rendant non viables économiquement.

Gilles Mitteau illustre cela avec un exemple concret : si un gisement de gaz de schiste en Californie, actuellement valorisé à un milliard de dollars, devient soudainement inutilisable en raison d’une interdiction gouvernementale sur la fracturation hydraulique, il devient un actif échoué. Cette perte de valeur affecterait gravement les bilans des banques, et pourrait même provoquer leur faillite si ces pertes surpassent leurs fonds propres. Selon l’Institut Rousseau, certaines banques européennes ont accumulé des stocks liés aux énergies fossiles équivalant à 95 % de leurs fonds propres, créant une situation de vulnérabilité critique.

La menace des actifs échoués n’est donc pas une simple spéculation. Un rapport publié dans la revue Nature estime que les pertes globales liées à ces actifs pourraient dépasser les 1 000 milliards de dollars pour les investisseurs. Si ces risques ne sont pas correctement intégrés dans les modèles de risque des banques, cela pourrait provoquer une nouvelle crise financière majeure, potentiellement plus dévastatrice que celle des subprimes en 2008.

Vers une finance durable : la taxonomie verte

La taxonomie verte

La taxonomie verte

Conscient des dangers que représentent ces investissements carbonés, la Commission européenne a lancé en 2018 un plan d’action pour la finance durable. L’un des éléments phares de ce plan est la taxonomie verte, entrée en vigueur en 2022. Cet outil vise à orienter les flux financiers vers des projets considérés comme durables, en définissant clairement ce qui peut être classé comme « vert ».

Cependant, cette taxonomie présente encore des limites. Comme le souligne Nicolas Dureux3, gestionnaire de portefeuilles, elle permet à des entreprises polluantes de verdir une petite partie de leur activité tout en continuant à recevoir des financements. Par exemple, Total, qui ne produit qu’environ 10 % d’énergie décarbonée, peut être considérée comme une entreprise « verte » dans certaines de ses activités, tandis que des entreprises non polluantes, mais non classées comme vertes, comme des crèches, pourraient être pénalisées. Ce paradoxe soulève la nécessité d’une taxonomie plus rigoureuse, qui pénaliserait clairement les activités polluantes tout en récompensant les véritables efforts de transition.

L’émergence des néobanques vertes

L'émergence des néobanques vertes

L’émergence des néobanques vertes

Face à l’inaction des grandes institutions financières, des alternatives commencent à émerger. Andrea Ganovelli4, fondateur de la néobanque Green-Got, explique que l’objectif de ces nouvelles banques est de garantir que chaque euro déposé finance uniquement des projets durables. Green-Got, par exemple, offre des produits d’épargne et des portefeuilles d’investissement alignés sur les objectifs de transition écologique.

Cette approche présente un double impact : d’une part, elle réoriente les capitaux vers des entreprises et des projets respectueux de l’environnement, et d’autre part, elle exerce une pression sur les banques traditionnelles. Ces dernières, confrontées au succès de ces nouvelles alternatives, sont poussées à revoir leurs modèles. Ganovelli évoque la « schizophrénie » du marché financier actuel, où des citoyens conscients des enjeux climatiques continuent de voir leur argent financer des projets fossiles, souvent à leur insu.

L’épargne : un levier de changement

L'épargne comme levier de changement

L’épargne comme levier de changement

Investir dans la transition écologique n’est pas seulement un choix éthique, c’est aussi un choix économique. Comme le montrent les performances des entreprises de la transition énergétique, ces investissements peuvent être bien plus rentables que ceux dans les énergies fossiles.

Par exemple, des entreprises comme Fer Solar et Enphase Energy ont connu des croissances de 370 % et 658 % respectivement, sur cinq ans, surpassant de loin les performances des géants du fossile comme Total ou RWE.

Pour Gilles Mitteau, la réorientation de l’épargne est donc loin d’être un sacrifice. Au contraire, elle représente une opportunité de gagner de l’argent tout en contribuant activement à la transition écologique. Il insiste sur la nécessité de sensibiliser les épargnants à l’impact de leur argent et à leur responsabilité individuelle.

Conclusion : un tournant nécessaire pour la finance

Le lien entre les banques et l’écologie est aujourd’hui au centre des préoccupations économiques et climatiques. Si les grandes banques continuent de financer massivement les énergies fossiles, elles se mettent à risque, tout en retardant une transition pourtant inévitable. Les citoyens, en réorientant leur épargne vers des institutions plus responsables, peuvent jouer un rôle crucial dans cette transformation.

Le succès de néobanques vertes comme Green-Got prouve que la finance durable n’est pas seulement un idéal, mais une réalité économique en plein essor. Pour autant, il est urgent que les grandes institutions traditionnelles adaptent leurs modèles, intégrant pleinement les risques climatiques et cessant de soutenir des industries qui mettent en péril l’avenir de la planète.

La finance de demain devra être responsable, ou ne sera pas.

  1. Comment les banques françaises aggravent les changements climatiques, Oxfam France, https://www.oxfamfrance.org/climat-et-energie/impact-banques-climat/ []
  2. François Gemenne, Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Gemenne []
  3. Nicolas Dureux, Linkedin, https://www.linkedin.com/in/nicolas-dureux-a887091b/ []
  4. Andrea Ganovelli, Linkedin, https://www.linkedin.com/in/andr%C3%A9a-ganovelli/ []

3 thoughts on “Les banques détruisent l’environnement : voici ce que vous pouvez faire

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