D’oĂą vient la carte de crĂ©dit ? Le journaliste David Castello-Lopes a fait ses recherches et nous a fait le plaisir de partager l’essence de ses trouvailles sur Europe 1, le 15 Avril 2022. Voici ce qu’il faut retenir de cette folle aventure, qui fut d’abord AmĂ©ricaine, puis française.
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La carte de crĂ©dit aujourd’hui
Toutes les cartes de paiement ne sont pas des cartes de crĂ©dit. Les cartes de crĂ©dit sont des cartes bancaires qui permettent de payer, comme leur nom le suggère, « à crĂ©dit ». Il s’agit donc de payer plus tard pour un achat qui survient immĂ©diatement. Dans un tel cas, c’est donc la banque qui paie le marchand et qui offre un dĂ©lai au client final pour se faire rembourser. La contrepartie de ce service, quand il s’Ă©tend au-delĂ de 30 jours, est le versement d’un intĂ©rĂŞt en plus de la somme Ă rembourser (le capital).
Aux États-Unis, les clients des banques peuvent dĂ©cider de repousser un achat de 30 jours tous les mois, mais les intĂ©rĂŞts Ă rembourser s’accumulent et peuvent rapidement s’envoler. On parle alors d’un taux de 20% qui s’applique en plus des sommes dues. Cette facilitĂ© de paiement engendre parfois des difficultĂ©s de remboursement Ă cause des montants trop importants Ă rembourser qui se cumulent de surcroĂ®t Ă des intĂ©rĂŞts exorbitants.
En France, la très vaste majoritĂ© des cartes bancaires sont des cartes de dĂ©bit. Bien que certaines cartes permettent d’activer un dĂ©bit diffĂ©rĂ©, cela n’en fait pas une carte de crĂ©dit pour autant. Parmi les cartes de crĂ©dit disponibles en France, il existe la très populaire Carte ZERO et aussi la carte bunq un peu moins connue.
La carte ZERO est adossĂ©e Ă une rĂ©serve de crĂ©dit comme il est d’usage pour les vraies cartes de crĂ©dit. L’utilisateur de la carte sait quand il active sa rĂ©serve et ne paie des intĂ©rĂŞts qu’au-delĂ d’une pĂ©riode de 6 semaines. C’est un moyen très efficace d’obtenir un crĂ©dit immĂ©diat le moment venu.
La carte bunq fonctionne diffĂ©remment : elle repose sur le principe de dĂ©bit diffĂ©rĂ©, mais prĂ©sente tout de mĂŞme la mention « crĂ©dit » sur sa carte. Cela suffit Ă louer une voiture en toute tranquillitĂ© lorsqu’une carte de crĂ©dit est demandĂ©e par le loueur.
Les origines de la carte de crédit
La carte de crĂ©dit trouve son origine aux États-Unis dans les jetons de crĂ©dit numĂ©rotĂ©s. Ă€ cette Ă©poque, les clients pouvaient arriver dans un magasin avec un jeton numĂ©rotĂ© qui indiquait au marchand qu’il pouvait leur accorder une facilitĂ© de paiement. Ce jeton Ă©tait Ă©ditĂ© par le magasin lui-mĂŞme pour lui permettre de faire la comptabilitĂ© des crĂ©dits accordĂ©s.
Plus tard, Frank McNamera a lancĂ© un nouveau concept Ă la fin des annĂ©es 40. Il dĂ©cide alors de lancer une carte qui permet Ă leur dĂ©tenteur d’utiliser des services sans devoir les payer immĂ©diatement. Ă€ la place, c’est la firme de McNamera qui payait les montants dus et se faisait rembourser ultĂ©rieurement par les clients de ce club. Cette carte lĂ©gendaire nommĂ©e carte du Diner’s Club fut un incroyable succès pour Frank McNamera.
Le vrai dĂ©but de la carte de crĂ©dit telle que nous la connaissons date de septembre 1958. La plus grosse banque des États-Unis, Bank of America, rĂ©ussit Ă convaincre des centaines puis des milliers de commerçants en Californie d’accepter la nouvelle carte qu’ils allaient lancer. Bank of America a ensuite envoyĂ© par la poste 60 000 cartes de crĂ©dit Ă des particuliers de la ville de Fresno en les autorisant de dĂ©penser ce qu’ils souhaitaient (stratĂ©gie toujours connue sous le nom de Fresno Drop). Cette carte, appelĂ©e la Bankamericard, est la première carte de crĂ©dit de l’histoire utilisable comme moyen de paiement. Bankamericard s’est transformĂ©e au fil des annĂ©es pour devenir ce que nous connaissons aujourd’hui sous le système Visa.
Les cartes se sont ensuite modernisées avec la banque magnétique puis la puce inventée par le français Roland Moreno en 1974.
Première carte de crédit en France
La première carte de crĂ©dit française est apparue en 1967 quand les cinq plus grosses banques françaises ont crĂ©Ă© la carte bleue. Elle s’est dĂ©veloppĂ©e depuis, mais a vite Ă©tĂ© supplantĂ©e par la carte de dĂ©bit que nous utilisons tous. Les consommateurs français Ă©tant beaucoup plus protĂ©gĂ©s que les consommateurs amĂ©ricains des risques de surendettement, la carte de crĂ©dit a aujourd’hui beaucoup de mal Ă exister sous la contrainte d’une rĂ©glementation stricte.
En France, la carte de crĂ©dit existe surtout sous la forme de « crĂ©dit revolving ». Ce crĂ©dit Ă la consommation permet d’acheter un bien Ă crĂ©dit avec des dĂ©marches simplifiĂ©es, mais des intĂ©rĂŞts toujours Ă©levĂ©s. Cetelem et Sofinco sont les leaders de ce marchĂ©. Ils ont crĂ©Ă© des partenariats avec de nombreuses enseignes commerciales pour offrir des cartes offrant des facilitĂ©s de paiement Ă leurs clients.
Quel futur pour la carte de crédit ?
La carte de crédit physique devrait disparaître bientôt grâce ou à cause des moyens de paiement mobiles et de la biométrie. Les paiements sur Internet ne nécessitent déjà plus le moyen de paiement physique. Pour ce qui est des paiements en magasin, le paiement sans contact avec la technologie NFC des smartphones remplace intégralement le support physique.
Pour autant, ce qui fait l’essence d’une carte bancaire subsistera Ă savoir : un numĂ©ro, une date d’expiration, un cryptogramme visuel, un titulaire et un compte bancaire reliĂ© au moyen de paiement.